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Coutumes

Les coutumes, c'est ce qui caractérise dans la durée l’île, sa culture et ses habitants.

L’horaire de nuit

Cette habitude se rencontre surtout du côté nord de l’île, dans la région de Raches. Les magasins ouvrent la nuit et restent ouverts même après minuit (pendant toute la nuit). Selon l’hypothèse qui prévaut pour expliquer cela, cette habitude trouve ses racines à l’époque qui a précédé l’occupation turque, au temps de la piraterie. A ce moment-là, les habitants de l’île non seulement bâtissaient leurs maisons dans des endroits où elles n’étaient pas visibles depuis la mer, de façon à ce que l’île paraisse inhabitée et que par conséquent ils ne soient pas importunés par les pirates, mais aussi avaient l’habitude de se déplacer davantage ou même exclusivement pendant la nuit, pour qu’on ne les voie pas depuis la mer.

Une autre raison, c’est que le matin, les hommes allaient à leurs champs pour s’occuper de la terre et le soir, ils ouvraient leurs magasins. Et tandis qu’autrefois cet horaire était justifié pour des raisons sociales ou des raisons de survie, aujourd’hui il est resté comme une habitude qui parallèlement suscite encore l’intérêt même des touristes.

Le rendez-vous icarien

Les Icariotes ont leur rythme à eux! Comment se passe un rendez-vous à Icarie ? Quand quelques personnes se sont donné rendez-vous à une heure précise, pour une raison quelconque (habituellement pour boire un café, prendre un repas et plus généralement pour se divertir, mais pas pour des motifs sérieux ou des raisons de santé), la rencontre a lieu presque toujours en retard, un retard qui dans certains cas atteint deux heures. La raison de cette coutume, c’est que dans les temps très anciens, comme précisément les distances étaient grandes et que les moyens de transport et les routes faisaient défaut, le déplacement d’une personne d’un point à un autre durait des heures et par conséquent elle arrivait en retard à son rendez-vous.

Il est probable que c’est l’absence de stress des habitants qui a donné de l’importance à cette coutume ou le fait que depuis les temps anciens tous travaillaient jusqu’à tard le soir et que chacun attendait la fin de son travail pour retrouver ses compatriotes. Cette coutume tend à disparaître de nos jours, mais elle se maintient surtout dans les mariages où la mariée a l’habitude de laisser attendre le marié, dans certains cas plus d’une heure, ainsi que les amis du marié avec les taquineries qu’ils lui font subir (habituellement ils lui dissimulent ses vêtements ou le salissent avec de la farine et d’autres choses), et ainsi le mariage débute avec un grand retard.

Noël et Jour de l’an

Le jour du premier janvier, dans presque tous les villages d’Icarie, dès le matin, on passe de maison en maison, en chantant des kalandes (chants populaires) icariens. Les occupants offrent aux « invités » du vin, de la nourriture et après ils partent tous ensemble vers d’autres maisons du village, les plus nombreuses possible. Dans les bandes qui se forment, quelques-uns prennent avec eux des instruments de musique (violon et bouzouki) et la bonne humeur redouble d’ardeur.

Le Carnaval

Le Carnaval (ou pré-carême) a une origine antérieure au christianisme et il marque la fin de la créophagie (on cesse de se nourrir de viande) et le début du jeûne de Pâques.

La première semaine du Carnaval se termine par le dimanche (de la parabole) du Fils Prodigue, appelé « Profonoussimi (c’est à dire, qui annonce l’entrée dans la période du pré-carême) » ou « Apolyti (c’est à dire libre, où on mange librement toute sorte de nourriture) ». La deuxième semaine est appelée semaine « de la viande » ou « de la créophagie », parce qu’on mangeait de la viande et on ne jeûnait pas, même le mercredi ou le vendredi. Le jeudi de cette semaine est appelé « Tsiknopemti, jeudi gras », ou plus précisément « jeudi de l’odeur de la viande grillée », où on a l’habitude, à Icarie comme dans toute la Grèce, de consommer de la viande en abondance. Le dimanche qui suit cette deuxième semaine est celui de «  l’Apokréôs, c’est à dire du Carnaval ». Il a été appelé ainsi, comme toute la période qui va de l’entrée dans le Triode (période de 70 jours qui précède Pâques) jusqu’au Lundi Pur (début du Grand Carême), parce que les chrétiens ont l’habitude de ne pas manger de viande, c’est à dire littéralement qu’ils « s’éloignent de (apo-) la viande (-kréôs) ». La troisième semaine est dite « du fromage » ou « de la Tyrophagie », parce qu’on mangeait des produits laitiers, sorte de situation intermédiaire entre la créophagie et le jeûne, pour se préparer au jeûne du Grand Carême (40 jours avant Pâques). Le terme grec apokria équivaut au mot d’origine latine carnaval (carnevale, en italien, déformation de carneleva, qui vient des mots carne-« viande » et levare « enlever »).

Le carnaval correspond aux fêtes des Saturnales des Romains qui avaient lieu en l’honneur du dieu Saturne, en tant que protecteur des semailles, et plonge ses racines dans les fêtes des Lupercales des anciens Romains. Selon toute probabilité, le carnaval est lié aux fêtes de Dionysos des anciens Grecs et comme Icarie est considérée comme le pays natal probable de Dionysos, ces dernières années, ont été organisées une série de manifestations qui font revivre de vieilles coutumes, comme celle des « tragomorfi (ceux qui sont déguisés en bouc) et des koudounati (les porteurs de cloches) ». Selon la tradition, le carnaval se déroulait en février, en l’honneur du Phanos (la Lumière du feu), qui était le protecteur des troupeaux contre les loups. C’étaient des fêtes de purification destinées à assurer la fécondité et la fertilité de la terre, ainsi que la protection des troupeaux. Dans le cadre de ces festivités, les prêtres sacrifiaient des boucs, puis s’habillaient de peaux de mouton et se promenaient en ville. Quelque chose d’analogue se produit à Icarie où des hommes déguisés, portant des peaux de mouton et des cloches, dansent autour d’un feu purificateur, en provoquant les gens qui se sont rassemblés tout autour.

Tout au long de la dernière semaine qui précède le Lundi Pur, les manifestations culminent dans toute l’île avec de la musique traditionnelle, des danses de la part de différentes associations, ainsi qu’un défilé de chars et de personnes déguisées organisé par des élèves. Naturellement, pour les petits qui assistent à ces festivités, amusements et plaisirs ne manquent pas, entre autres, envol de cerfs-volants, chasse au trésor, clowns, confiseries…Vous rencontrerez sûrement beaucoup de bonne humeur, sans parler des taquineries et des plaisanteries !

Pâques

A l’heure de la Résurrection, dans chaque village, en même temps qu’on lance des feux d’artifice, dans un endroit central, habituellement près de l’église, on fait un feu de bois, en brûlant un tas de branches appelé « Sôros (tas) », des branches qui ont été amoncelées les jours précédents. Chaque village construit son propre tas et les villageois rivalisent : c’est à celui qui construira le plus beau et le plus gros tas, qui brûlera le plus longtemps. A Karavostamo, on assiste à une variante de cette coutume appelée « Afanos » (au lieu d’un tas, il y en a deux et la rivalité oppose deux parties du même village). Quand le vent souffle trop fort et que les conditions météorologiques ne le permettent pas, on met le feu au tas le lendemain ou le surlendemain de la Résurrection.

L’Andilambra

L’Andilambra est une coutume qu’on rencontre dans de nombreux villages de l’île, le jour de Pâques. Quand un village brûle le  Sôros, l’autre fait l’Andilambra. Le jour de Pâques, dans les villages de Christos et de Glarédo, on prépare un mannequin de Judas, qu’on appelle en fait « Tsifoutis (le Radin) ». Après qu’on l’a préparé dans une maison, on le fait circuler dans les villages voisins et, quand il revient, on le suspend et on l’attache à un endroit central du village. Parallèlement se déroule à l’église un office au terme duquel on brûle le mannequin au milieu des feux d’artifice. Ces dernières années, on assiste à une « guerre » à coups de pétards, l’un les lançant sur l’autre.