Icarie est synonyme de culture. La musique, la danse icarienne, les fêtes et la vie sont les caractéristiques fondamentales de la culture à Icarie. Tout au long de l’année, sont organisés, dans tous les endroits de l’île, de très nombreux événements culturels, comme des représentations théâtrales, des concerts, des fêtes et des expositions d’art, auxquels sont très attachés les autochtones bien sûr, mais aussi les visiteurs. Différents objets de l’art populaire sont exposés au Musée Folklorique d’Agios Kirykos et des collections d’éléments du folklore, accessibles au public dans plusieurs villages, témoignent de la culture icarienne.
La Musique
La tradition musicale d’Icarie constitue un des traits les plus fondamentaux de la culture qui s’est développée dans l’île. Nombreux sont les facteurs qui ont influencé cette musique et qui ont fait connaître au monde entier ses caractéristiques uniques, en tant que partie intégrante de la culture populaire grecque. Elle a subi une grande influence de l’Asie Mineure, ce qui apparaît surtout dans quelques chansons très anciennes qui continuent, pour certaines, à être entendues de nos jours. Par ailleurs ont eu une assez grande influence les mélodies ainsi que les instruments de musique qui prévalent dans les îles voisines essentiellement. Naturellement, comme facteur important d’évolution de la tradition musicale, il faut citer la vie des Icariotes à travers les siècles, les difficultés économiques de la population, l’émigration, la façon de vivre et les liens sentimentaux entre les gens. Telle est l’identité d’Icarie.
Aujourd’hui, la musique icarienne a conservé dans une large mesure ses caractéristiques authentiques. Néanmoins elle est fortement influencée par les rythmes de la vie moderne. « Le pied de vigne » est une chanson traditionnelle icarienne qui n’est absente d’aucune fête ou manifestation. A Icarie, il y a aujourd’hui un orchestre philharmonique organisé qui enseigne aux jeunes les chansons traditionnelles de l’île, organise des manifestations musicales, préserve l’authentique tradition musicale d’Icarie et la transmet aux générations qui viennent.
Les instruments de musique traditionnels d’Icarie sont la lyre (sorte de luth à archet) et la cornemuse qui étaient utilisées uniquement dans les célébrations ainsi que dans toutes les fêtes des Icariotes. La cornemuse est un instrument fabriqué avec de la peau de chèvre à l’intérieur de laquelle on met des tubes en bois pour produire le son. Ceux-ci sont raccordés à deux tubes extérieurs également en bois. L’un est utilisé par le joueur (qui était habituellement aussi le fabricant de l’instrument) pour souffler à l’intérieur de l’air qui servira aux tubes internes à produire de la musique et l’autre tube extérieur, qui est percé de trous sur toute sa longueur et à son extrémité, est utilisé pour jouer les notes. La lyre, qui était fabriquée par les autochtones, comportait aussi des attributs spécifiques. Elle est restée dans l’histoire comme la lyre icarienne et figure même dans les vitrines du Musée d’Art Populaire d’Athènes.
Au fil des ans, la lyre et la cornemuse ont cessé d’être utilisées en tant qu’instruments principaux dans les fêtes et les bals et elles ont été remplacées par le violon et le luth et beaucoup plus tard par le bouzouki qui initialement jouait un rôle dans l’accompagnement. A ces instruments s’est ajoutée la guitare qui tenait et tient encore un rôle prédominant dans l’accompagnement. En plus quelquefois on utilise le touberléki ou tambour miniature (une sorte de tam-tam) à la place de la batterie, utilisée très rarement, et l’harmonium. Les joueurs populaires à Icarie étaient habituellement, dans le passé, des autodidactes qui cultivaient leur talent et leur amour de la musique au sein de leur famille et de leur entourage.
La tradition musicale veut que l’on entende sur l’île surtout des chansons insulaires. Dans le même temps, la danse icarienne occupe une place dominante dans les fêtes. Cette dernière présente de nombreuses variantes, selon le village où elle est pratiquée, mais elle dépend surtout des musiciens, chacun d’eux laissant sa propre empreinte sur la chanson qu’il interprète. Naturellement, il y a un thème central pour chaque chanson qui est interprétée jusqu’à aujourd’hui dans toutes les fêtes et bals, mais même de nos jours ses variations ne laissent personne indifférent et sont perçues d’habitude comme une extension du thème central. La danse icarienne est l’une des seules, pour ne pas dire la seule, qui sera exécutée de nombreuses fois au cours d’une cérémonie, d’un bal ou plus généralement d’une fête, parce que la tradition veut qu’au programme d’une fête il n’y ait qu’une seule chanson, celle qui accompagne la danse icarienne, et qu’on profite simplement des coupures, des pauses pour entendre d’autres chansons.
La danse icarienne authentique s’interprète sans paroles, au son d’une mélodie qui est lente. Les variantes les plus connues sont le Tsamourikos, le Lyristikos icarien qui s’exécute exclusivement au son de la lyre, le Péramaritikos, le Pidichtos icarien ou danse à pas sautés, le Tsabounofilaka ou danse au son de la cornemuse. Ces variantes dépendent des régions ainsi que des artistes. La danse icarienne est une danse qui s’apprend par expérience et se transmet de génération en génération. Cependant à Icarie, fonctionne une annexe du Lycée des (Femmes) Grecques, une association culturelle qui maintient intacts la connaissance et l’apprentissage de la danse icarienne et de toutes les danses populaires traditionnelles, exposant ainsi au monde entier la culture icarienne.
Les fêtes
Les fêtes représentent l’identité d’Icarie ! Quiconque visite l’île doit absolument participer à une fête au moins. Les fêtes d’Icarie, ainsi que leur organisation, ont réussi à conserver leur caractère traditionnel de telle sorte qu’elles n’ont pas été altérées au fil du temps, tout en adaptant quelques spécificités à l’époque moderne. Elles ont lieu toute l’année, bien que la plupart se déroulent en été, pour qu’il y ait une participation nombreuse, et toujours le jour d’une fête religieuse, habituellement celle du saint patron de chaque village. Beaucoup de villages peuvent organiser une fête le même jour, à condition qu’ils ne soient pas voisins. En outre, de nos jours, une fête peut se dérouler à une date différente de celle où l’on fête le saint patron du village. Quelques fêtes débutent le matin ou à midi, quelques autres le soir. Dans tous les cas, elles durent jusqu’au lendemain matin. Jusqu’à la décennie des années 80, une fête durait de 3 à 8 jours. Avant et pendant une fête, se déroule à l’église du village un office religieux. Si la mort d’un habitant survient inopinément dans le village, d’habitude la fête est annulée ou reportée.
L’emplacement de la fête se situe soit sur un espace à découvert près de l’église, soit à l’école publique, soit dans un endroit suffisamment large du village. Ces fêtes sont organisées par des associations locales pour la culture ou la rénovation et leur but est de réunir des fonds qui seront utilisés pour le fonctionnement de l’association ou des objectifs d’intérêt général et des travaux utiles à l’île. Les volontaires du village qui organisent ces fêtes installent les bancs de bois et les tables où les visiteurs prendront place, cuisinent la chèvre locale « rasko » et différents plats, assurent le service et naturellement proposent en abondance le vin icarien qui met de l’ambiance. Les produits sont tous des produits locaux et les ustensiles de cuisine appartiennent à l’association ou aux habitants. La danse icarienne est le composant fondamental des fêtes. Tous, les jeunes, les vieux et les enfants, se prennent par les bras et dansent en cercles homogènes, de toute leur âme, au son des chansons traditionnelles d’Icarie que joue l’orchestre.
Les fêtes icariennes constituent à elles seules une forme de « système d’échange ». Echanges de biens matériels et immatériels, de viande, de pain, de vin…, de services, de danse, d’hospitalité, de sociabilité, d’offres, d’obligations, de générosité. La fête est, pendant un moment, un lieu de rencontre pour la population locale et pour ceux qui viennent de loin.
Du XVII au XIXème siècle, les fêtes avaient lieu pour honorer les saints de la communauté ou en mémoire de ses membres décédés. C’est la famille du défunt qui pourvoyait à une partie de ce qui était offert à la fête, tandis que les autres villageois apportaient ce qu’ils pouvaient.
Pendant le XIXème siècle et au début du XXème, on a commencé progressivement à faire intervenir l’argent dans l’intendance des fêtes.
Pendant les premières décennies du XXème siècle, le comité ecclésiastique et plus tard l’union locale des villageois achetaient les produits au village ou aux producteurs voisins. Ces produits étaient proposés aux participants en échange d’argent et les gains provenant de la fête étaient destinés à des projets d’utilité publique. De nombreuses fois, les villages rivalisaient entre eux pour savoir lequel réaliserait les plus beaux ouvrages. La participation des villageois au déroulement de la fête était obligatoire, sans quoi ils faisaient insulte au village.
Le costume traditionnel
Dans les temps très anciens, les hommes et les femmes à Icarie portaient presque les mêmes vêtements, c’est à dire des jupes de lin tissées pour les femmes et une espèce de fustanelle (un jupon court évasé) pour les hommes. Les femmes portaient des jupes longues jusqu’à la cheville, mais pas de robes couvrant l’ensemble du corps, de couleur rouge sombre ou blanche. Au-dessus de la jupe, elles portaient un chemisier blanc avec un corset brodé, de couleur noire, étroitement lacé. Parfois on distinguait les jupes que l’on portait chaque jour de celles qui étaient destinées aux jours de fête. Sur la tête, elles mettaient un foulard blanc ou coloré, assorti à la jupe. Les hommes, dans le passé, portaient des culottes jusqu’au moment où a été établi l’usage des pantalons tissés, de la chemise et de la blouse que tissaient les femmes sur un métier. A une époque plus récente, dans les manifestations officielles, les hommes portaient le costume. Les plus âgés mettaient sur leur tête une casquette ou un chapeau de paille, et les marins un béret. Les chaussures de tous les jours, pour les hommes et les femmes, étaient faites avec de la fibre végétale, tandis que dans les circonstances officielles les femmes portaient des chaussures noires fermées en cuir verni et les hommes des chaussures basses à lacets.
Les arts et les lettres
La poésie fait partie intégrante de l’héritage culturel d’Icarie. Les « rivès » (« riva » au singulier) sont la spécificité essentielle de la poésie icarienne. Il s’agit de petits poèmes écrits, de plusieurs vers avec rimes, habituellement de ton humoristique, inspirés par la vie quotidienne. Ils sont écrits par des gens ordinaires, des « poétereaux » ou « rivatzidès » (auteurs de rivès). Ils n’ont pas exactement le même fonctionnement que les mandinadès de Crète (groupes de distiques rimés qui accompagnent les danses), parce que les rivès sont écrits et on ne sait pas toujours qui les a écrits.
A Icarie, sont nés et ont grandi d’importants acteurs et réalisateurs de productions grecques et étrangères. Chaque année se déroulent des représentations théâtrales d’œuvres contemporaines et traditionnelles, dans des espaces en plein air, jouées autant par des acteurs locaux amateurs que par des troupes de théâtre venues de toute la Grèce. Icarie est un lieu où sont nés, ont grandi et ont été inspirés de nombreux intellectuels et hommes de lettres, comme Aristide Foutridis, Jean Zélépos ou Tsélépis, Georges Lomvardas et Christodoulos Mavrogiorgos-Tsarganis. Ces hommes, chacun à leur façon, ont mis en lumière et ont promu l’enseignement à Icarie, en jetant des bases solides pour les Icariotes d’aujourd’hui, qu’ils soient hommes de science ou simples habitants, afin qu’ils continuent l’œuvre qu’ils ont commencée.
Il vaut la peine de signaler que, ces dernières années, près du village d’Aréthousa, fonctionne, sur une initiative privée, le « Centre Icarien » qui se charge d’enseigner la langue grecque et la culture aux visiteurs étrangers de l’île. Le « Centre » a été fondé en 1995 à Icarie. Pendant dix ans à peu près, au cours des mois d’été, il organisait des cours d’apprentissage de la langue grecque pour étrangers, des activités culturelles et des séminaires pour promouvoir les compétences linguistiques et interculturelles. Il est encadré par un personnel enseignant spécialisé qui prend part à l’enseignement et à la recherche. Aujourd’hui le « Centre » continue son œuvre à Icarie, à Thessalonique, en Norvège et à distance.
Icarie est un lieu qui a une tradition dans la sculpture, la sculpture sur bois et la peinture. A signaler la statue ailée d’Icare, sur le port d’Agios Kirykos, fruit de l’imagination du sculpteur Nikos Ikaris. Aujourd’hui, durant l’été, ont lieu pas mal d’expositions d’artistes icariens figuratifs qui exposent leurs œuvres dans des espaces spécialement aménagés.
Le sport
A Icarie fonctionnent aujourd’hui cinq associations sportives qui s’occupent surtout d’apprendre différents sports aux Icariotes de tout âge. Icarie dispose d’installations sportives élémentaires comme un stade avec piste et terrain de football, un gymnase couvert, deux terrains de basket en plein air et un terrain de football.
Chaque année, sont organisées des rencontres, entre scolaires ou entre amateurs, au niveau local ou régional. Plus connues sont les compétitions panicariennes d’athlétisme classique, de natation et de voile. Des matchs de football et des compétitions d’athlétisme aussi opposent les jeunes de l’île. Chaque été, est organisé un tournoi de volley-ball de plage sur différentes plages de l’île. L’intérêt des habitants pour les arts martiaux aussi est réel : il est encadré par l’Association Panicarienne des Arts Martiaux qui effectue chaque été des démonstrations uniques pour les amis des arts martiaux.
A Agios Kirykos, fonctionne aussi un club d’échecs qui organise chaque été le Tournoi International d’Echecs « Icare », avec des joueurs qui viennent du monde entier à Icarie pour participer à cette compétition.